récit de Claude Lapeyre
hydravion allemand 3 moteurs coulé dans la rade des Sablettes près de Toulon
Un Dornier 24
Résumé de la plongée du 24 juillet 1975:
profondeur : 42m (partie arrière) durée: 25 minutes au fond + 20 minutes de palier
La première fois que j’ai entendu parler de cet avion coulé dans la rade des Sablettes, c’était en mars 1975. Nous étions venus passer quelques jours pour plonger dans le coin sans rien connaître des fonds. |
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Ce n’est que trois ans plus tard qu’on m’indiqua où il se trouvait. Le lundi 24 juillet 1978, tandis que Gérard Hennion et André Gilleta m’attendent dans le zodiac, je descends seul pour voir si les points qu’on m’a donnés sont les bons ; inutile de descendre tous pour ne trouver que du sable. Et je fais bien. En effet, l’eau étant très claire, je me stabilise vers 25m de profondeur, et j’examine le fond que je vois nettement environ 20m plus bas. Rien. Du sable à perte de vue.
Je remonte, reprends de nouveaux amers, rectifiant au pif le dessin qu’on a rapidement griffonné, et je replonge, l’ancre et le mouillage dans les bras, en lançant à mes équipiers : « si je ne suis pas remonté dans 3 minutes, c’est que je l’ai trouvé. Venez me rejoindre en descendant sur le mouillage »
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J’entre par l’avant et avance sans réaliser que la carlingue va en se rétrécissant . J’essaie de reculer : impossible. Des câbles que je ne vois pas dans mon dos, m’en empêchent. Impossible aussi de décapeler, par manque de place, car c’est comme si je me trouvais dans un tuyau. Attendre mes compagnons ? Ils me trouveront facilement grâce aux bulles, mais comment se risqueront-ils à me porter secours, sans se coincer à leur tour. Cette carlingue est un vrai piège. De plus, je suis le plus mince des trois. Alors, si moi je reste coincé, qu’en sera-t-il pour eux ? Je commence par ralentir ma respiration et tâche de trouver une solution…
En regardant plus attentivement, je m’aperçois que l’avion est légèrement ensablé et j’observe que si l’on voit bien le haut arrondi de cette seule « sortie » possible, le bas lui n’est pas visible et se trouve sous le sable.
Je me mets donc à creuser le sable pour approfondir le passage. Je creuse ainsi jusqu’à la tôle. Maintenant, ne pouvant aller plus bas, il faut passer. Je m’engage, rabattant les tuyaux annelés du détendeur sur ma poitrine. Tandis que le bi bouteille laisse une partie de sa peinture sur les aspérités coupantes du bord supérieur, mon ventre, ou plutôt la combinaison, s’accroche sur des pointes acérées crées par de longues années d’oxydation du métal. Me voici à nouveau coincé. Mais j’ai la tête et les épaules dehors : donc, ça passe. Tant pis pour la combinaison. Je m’aide des bras, tirant, poussant, déchirant le néoprène, et me voilà enfin libre. Il s’est passé 12 minutes depuis mon immersion. André Gilleta arrive enfin, suivi 4 minutes plus tard de Gérard Hennion. Mais qu’ont-ils donc fait là-haut ? Après les échanges de signes "ok", et un geste négatif impératif de ma part concernant la visite intérieure, nous consacrons le reste de la plongée aux moteurs qui cachent énormément de vie, tout comme le dessous de l’aile et la coque de ce magnifique hydravion. Pour moi, le temps est écoulé et je remonte faire mes paliers. Ils me rejoindront peu après.
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Lire "l'histoire de cette épave" en cliquant ici Lire "la remontée de l'hélice du Dornier 24" en cliquant ici. |
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