CHASSE  SOUS-MARINE

Rappelons qu'en France, la chasse sous-marine n'est autorisée qu'en apnée.
L'utilisation de bouteilles est interdite.

 

Albert Falco   Albert Falco  
Albert Falco, comme beaucoup, a commencé par la chasse sous-marine.

À cette époque, avant et pendant la seconde guerre mondiale, la chasse sous-marine représentait un apport appréciable.

Lire, ci-dessous le récit d'une chasse, menée en 1939, avec un équipement fabriqué par le chasseur lui-même.

 

 

fusil-harpon
Pistolet-hapon et fusil-harpon fabriqués par Fleury Richard

 

loups

LE LOUP

Récit de Fleury RICHARD

Prospectant un jour l'une des plages de Sidi-Ferruch, à l'Ouest d'Alger,
j'avais choisi douillettement comme terrain de chasse, un étroit plateau rocheux et moussu, touchant au rivage, et dont l'eau devait être plus tempérée. Le vent soufflant de la côte avait aspiré les courants de fond et fortement rafraîchi les autres coins du voisinage.
J'avais l'espoir modeste d'en retirer quelques petits sars.
L'eau était limpide, calme et peu profonde: 20 à 70 cm,
un vrai fond de bébé.

Encore néophyte en sport sous-marin (nous étions en juin 1939), je n'avais garni mon arme (un pistolet-harpon de 75 cm que j'avais fabriqué l'année précédente - voir photos ci-dessous) que de quelques élastiques à enveloppe, inégalement répartis. La flèche, constituée par une tige d'acier de 6 mm, offrait une tête renflée, plus lourde, plus plate, dotée d'un ardillon mobile. Le tout pouvait, à l'extrême rigueur, traverser un sar de 200 grammes tiré à une distance de 50 centimètres.

 

À peine immergé, à six pas du bord, j'aperçus devant moi deux énormes poissons, reconnus par la suite comme étant des loups, et dont le plus gros, qui me fascina littéralement, devait bien peser de 25 à 30 livres et atteindre un mètre de long.
D'instinct, je m'appliquais à l'immobilité la plus complète sans le perdre de vue: après un écart un peu nerveux, son congénère ayant disparu, mon gros loup s'était immobilisé sur le fond, me surveillant de trois quarts.
Sans me faire aucune illusion sur les possibilités que j'avais de capturer un monsieur de cette taille, mes dix mètres de cordonnet se trouvant au surplus passablement râpés, je ne sais quel démon me poussa à tenter une marche et qui sait...  d'essayer ensuite de l'embrocher à bout portant. Je commençais donc une reptation circonspecte, me propulsant doucement de mes "pattes de canard" afin de le contourner et d'arriver le plus près possible.
Mais je fis alors connaissance avec les remarquables qualités d'intelligence, de courage, de "race" en un mot, dont le bar peut s'enorgueillir: ce dernier maintenait imperceptiblement sa distance, accélérant sans hâte en même temps que moi, tout en me nargant du coin de l'oeil. Puis, brusquement, pour me donner sans doute une leçon de tactique, il fit un large bond et se planta de nouveau, dix mètres derrière moi, sur un fond de sable.

pistolet-harpon
Pistolet-harpon (fabrication maison - 1938)

 

Pistolet-harpon
Alors se passa la chose la plus ahurissante pour mon inexpérience des moeurs sous-marines: je le vis nettement disparaître, comme subtilisé par un invisible brouillard... Voulant en avoir le coeur net, je m'approchai, le doigt sur la gâchette, et ce n'est qu'à 2 mètres environ, bien que l'eau fut très claire, que je pu reconnaître le contour apparent du bonhomme, toujours immobile: il avait su réunir d'un seul coup, pour mystifier l'intrus que j'étais, les éléments d'éclairage et de fond dont la réfraction et la couleur favorisaient un mimétisme absolument parfait.
Bien entendu, il ne me laissa pas m'avancer d'avantage et, se sentant découvert, reprit négligemment le chemin de son premier poste, dans l'encorbellement d'une cuvette rocheuse. J'avais donc affaire avec un poisson calmement astucieux mais très prudent aussi, et qu'il ne fallait pas manoeuvrer sans égards.
Notre mutuelle expectative durait depuis une bonne minute lorsque je tressaillis d'une intense émotion: mon loup, comme prévu, se décidait à bouger le premier et venait, s'avançait, centimètre par centimètre, comme un majestueux vaisseau-amiral en inspection...mais il allait aussi couper, à trente centimètres, l'axe de mon fusil.

Dans un éclair, je pesais l'inutilité plus que probable de mon geste, mais la chance était trop belle; je sacrifiais d'avance harpon et ficelle... et, lâchant la détente, je poussais en même temps de toutes mes forces mon arme, juste derrière les ouïes. Instinctivement, je fermais les yeux.
Je ne vis tout d'abord, en les rouvrant, qu'un énorme bouillonnement (mon loup devait être quelque part en l'air, car il y avait à peine 40 cm d'eau) et, l'espace d'une seconde, je distinguais tout alenour, parmi ce bouillonnement, quatre ou cinq de ses congénères de tailles diverses mais respectables, qui tournèrent bride aussi vite qu'ils étaient venus. En ce même instant, un furieux grincement m'intriguait: le loup était bel et bien accroché et ce bruit était produit par ma ficelle se déroulant à une vitesse effrayante, malmenant quelque peu le petit moulinet de Monoprix (tout cuivre) ...qui tint bon cependant. Le choc terminal, par miracle, ne cassa rien; je l'encaissai de mon mieux en allogeant le bras droit. Puis, tâchant de m'ancrer de la main gauche,  je sentis que le loup, devant la résistance, décrivait un arc de cercle. Mais il eut tôt fait d'arracher le "corps mort" et de m'imposer un remorquage plutôt épique où je me sentis bourlinguer à vive allure sur vingt à trente mètres, m'efforçant d'amortir la rencontre avec les apérités du fond.

Sidi Ferruch
Les petits fonds rocheux de Sidi-Ferruch

Tout à coup: arrêt brusque. Plus rien ne bougeait, une résistance de pierre au bout de la ficelle...Abandonnant alors mon arme devenue inutile, je me mis, le coeur battant, à remonter le fil d'Ariane, l'empoignant fermement d'une main après l'autre, et j'arrivais bientôt sur la bête qui s'était solidement épaulée à la base d'une plaque de rocher...
Que faire? Je ne distinguais à travers l'eau troublée que la partie antérieure de son large dos d'acier bruni.
Première idée qui me vint tout d'abord à l'esprit: saisir la tige du harpon pour traverser la bête de part en part et pouvoir ainsi l'agripper. Mais je ne pus apercevoir ni saisir le harpon, coincé qu'il était entre le loup et la roche. J'aurais dû sans doute le frapper entre les deux yeux d'un coup vigoureux de mon inséparable couteau, mais dans ce moment palpitant, j'avais totalement oublié ce précieux auxiliaire. N'y pensant même pas et, prenant mon souffle, je saisis ce dos à deux mains, le plaquant au fond de toutes mes forces, tout en essayant d'encastrer sous les ouïes le bout de mes doigts.
Peine perdue: d'un imparable coup de reins, le loup m'avait bousculé, me glissant dans les mains, sans me laisser la moindre prise sur la mucosité de ses écailles et, servi par sa largeur et a puissance, il fila vers le large...
Je ne trouvais à ramener que mon pauvre harpon complètement tordu sur toute sa longueur comme un énorme hameçon.
Il ne me restait plus qu'à rentrer tout penaud, réparer les dégats et ruminer cette aventure en pensant au poisson magnifique qui m'avait possédé en me procurant les minutes les plus inoubliables de mes rencontres sous-marines.

 

Commentaires de Claude Lapeyre:

 

Claude Lapeyre

 

Le récit ci-dessus parait incroyable, et pourtant, je confirme:
Il fut un temps où l’on pouvait faire sa partie de chasse, en peu de temps, dans 1 à 2 m d’eau.
À cette époque, les poissons n’avaient encore jamais vu de chasseurs sous-marins et ne fuyaient pas.
Depuis, ils ont appris à se méfier et se sont réfugiés dans des eaux plus profondes.
Aux mêmes endroits, pour retrouver sars, mérous et corbs, il m’a fallu descendre au delà des 30 m
(avec des bouteilles cette fois et une caméra).
Les poissons sont toujours là, mais à plus grande profondeur.

Autre remarque, sur le matériel de Fleury Richard:
il a tout fabriqué lui-même
le masque, les palmes (qu'il appelle "pattes de canard"), le pistolet-harpon.

 

mérou           sars
Claude Lapeyre, il y a bien des années, avant qu'il ne troque définitivement son fusil-harpon contre une caméra sous-marine

 

 

 

Fleury Richard était parmi les précurseurs.
Voir ci-dessous ce qui se faisait à l'époque.

fusil-harpon en bois
Fusil-harpon en bois fabriqué par Fleury Richard

 

 

Pour voir une belle collection de fusils anciens
cliquer sur la photo ci-contre.

 

 

 

 

Pour voir le catalogue "HURRICANE" de 1947

traité avec

HUMOUR
par le dessinateur Dubout

cliquer ici

 

 

 

Accident grave: un harpon dans le crâne

Par Cyrille Vanlerberghe - le 21/06/2012


Un adolescent de 16 ans a survécu après avoir été transpercé
par un harpon lors d'un accident de pêche à Miami en Floride.
Grâce à une perceuse et à de fortes pinces,
les chirurgiens du Jackson Memorial Hospital de Miami
ont réussi à sauver la vie de Yasser Lopez,
un adolescent de 16 ans.
Le jeune homme a eu la tête transpercée
par un harpon de 90 cm de long
lors d'une sortie de pêche sous-marine.
Son ami de 15 ans a tiré par erreur en rechargeant
son fusil harpon Cressi Sub SL,
et la flèche est entrée dans la tête par le front,
5 cm au-dessus de son œil droit.
Le jeune homme était encore conscient
quand les secouristes l'ont amené
aux urgences de l'hôpital de l'université de Miami,
mais ils ont dû le mettre sous sédatif
quand il a commencé à s'agiter
et à montrer des signes d'inquiétude
en arrivant au bloc opératoire.

harpon dans le crâne

Il survit à un harpon dans le crâne

un harpon dans le crâne
Angiogramme du cerveau de l'adolescent avant l'opération.
Crédits photo : HANDOUT/Reuters

 


La difficulté fut de sortir la flèche du crâne
sans que les barbelures du harpon ne se déploient
et n'abîment encore plus le cerveau.
Par chance, l'accident n'avait provoqué
aucune hémorragie importante.
La solution fut donnée par la famille
qui précisa aux médecins que la pointe en inox
du harpon pouvait se dévisser.
Ce qui put être fait en élargissant à la perceuse
les trous d'entrée et de sortie du projectile.
Deux semaines après l'opération,
Yasser Lopez a récupéré étonnamment bien.
L'accident n'a endommagé aucune zone vitale
dans le côté droit de son cerveau,
et les dégâts ont été limités par le fait
que l'épaisseur du crâne
a grandement ralenti la vitesse du projectile
avant qu'il n'entre dans le cerveau.

 

 

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