Récit de Claude Lapeyre
En juillet 1997 je rejoins mon fils Jean-Christophe
qui dirige un centre de plongée sur l’atoll de Fakarava, aux Tuamotu, à 450 km de Tahiti.
C’est mon premier séjour en Polynésie et ce sera
MON PREMIER REQUIN
Jean-Christophe et Claude Lapeyre
L’atoll de Fakarava est un récif corallien de 60km sur 25km, entourant un lagon central d'une profondeur de 30 à 50 m en moyenne, avec une passe au nord et une au sud. |
À cette époque, pas d’hôtel, pas de pension…
Le centre de plongée n’existe que depuis quelques mois.
Il y a peu de clients et mon fils en profite pour explorer les deux passes afin de trouver les meilleurs spots de plongée.
C’est dans ces conditions que je découvre Fakarava. Un site alors pratiquement vierge.
Un jour de juillet 1997 donc, sans client, j'accompagne mon fils dans ses investigations
et nous plongeons à l’extérieur du lagon en face de la gigantesque passe nord (1 600 mètres de large).
C’est ma première plongée après un hiver parisien.
Mon fils me conseille de ne pas m’encombrer avec la caméra,
me précisant que, pour cette reprise, je serai bien trop occuper à découvrir une faune inconnue pour moi.
C’est, en effet, un émerveillement: tant de vie, tant de couleurs qu’on ne sait où regarder.
Tout à coup, voici un requin, puis deux, puis trois.
Je me prends à les compter : cinq, six, dix, jusqu’à trente face à moi.
Je me retourne : il y en a autant. J’arrête de compter.
Combien sont-ils ?
Combien sont-ils au-delà de la limite de visibilité ?
ceux qu’on ne voit pas, perdus dans le bleu ?
C’est un véritable mur de requins.
Je pense alors à un ami plongeur rencontré il y a quelques mois.
Il revenait d’un séjour d’une semaine aux Maldives et il était tout heureux parce que,
le dernier jour, lors de sa dernière plongée, il avait vu « un » requin ! !
Je suis donc là, ébahi, à contempler mes premiers requins, à ma première plongée.
En pleine eau, il n’y pas que des requins.
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En effet, grisés et excités par l’odeur du sang, frustrés de leur repas, mis en appétit,
les requins foncent dans notre direction, cherchant une compensation.
Je m’immobilise, cesse de bouger mes jambes, fixe dans les yeux un magnifique requin qui me vient droit dessus,
serrant mes deux poings en un bloc pour lui en coller un coup sur le nez,
comme je l’ai vu faire Buck Danny dans une bande dessinée, alors que j’avais douze ans.
C’est curieux comme les souvenirs d’enfance vous reviennent dans ces moments là…
Alors que le requin n’est plus qu’à un mètre, j’ôte le détendeur de la bouche et le fait généreusement fuser,
dégageant un immense panache de bulles, brillant et sonore.
Surpris, le requin arrête sa course, me contourne.
Je tourne avec lui, lentement, ne le perdant pas de vue.
Visiblement, ne retrouvant pas l’odeur du sang, je ne l’intéresse pas et il s’éloigne.
Les autres font de même, nous laissant entamer une remontée qui me laisse songeur sur ce qui vient de se passer.
Pour ma première plongée en Polynésie, en guise de premier requin, ce fut un mur de requins,
puis une lutte entre espadon et requins, sans parler du reste,
coraux et bancs de poissons de toutes sortes bouchant l’horizon.
C’était plus que magnifique et je n’avais pas pris la caméra !
"Mémoires de Plongeurs" c'est aussi un livre
(cliquer sur la photo)
Pour voir le film tourné par Claude Lapeyre, aller sur le lien:
http://www.subarchives.org/video/Fakarava/e8290415ea44de81d44c2c4f7d447fd7