L'EPAVE  DU  FRANCE

lac d'Annecy
(récit de Claude Lapeyre)

le France
À quoi ressemblait le France (dessin de Claude Lapeyre)

 

lac d'Annecy
Une plongée profonde en lac présente toujours plus de risques pour plusieurs raisons :
-la température de l’eau
-le manque de visibilité
-l’ altitude du lac qui modifie défavorablement les paliers de décompression
lac d'Annecy

Nous sommes six plongeurs du club Galatée de Meudon à nous retrouver face au lac, en cette fin de mois d’octobre 1982.

la flore
la flore
la flore
Plusieurs immersions d’adaptation sont effectuées sur plusieurs jours, avant de plonger sur l’épave du France qui repose par 42m de fond, en plein milieu du lac.
Cela nous permet de découvrir et de filmer une faune et une flore riches, dans une eau claire.
la faune
le lac d'Annecy
moules d'eau douce
rocher couvert de moules

 

Notre objectif est l'épave du France, un bateau à roues coulé en 1971:

le France
le France
le France


Le 31 octobre, avant d’embarquer,
l’équipe du club local qui va nous larguer sur le site du France, nous donne ses consignes :

- gants obligatoires
- ne pas rester groupés tous les six:
à cause de la vase soulevée, les derniers ne verraient rien
-faire plutôt des palanquées de deux ou trois.
- interdiction d’entrer dans l’épave,
toujours à cause de la vase soulevée qui annule toute visibilité
- éviter d’avoir à faire des paliers

 

Mon projet étant de filmer le France du mieux possible en une seule plongée,
je prends avec moi mon meilleur équipier de l'époque: mon épouse.
Martine et Claude Lapeyre

 

Je demande aux quatre autres de plonger en binôme :
deux longeront le côté bâbord, deux autres le côté tribord ,
tandis que je me réserve l’axe central du dessus de l’épave .
Pour être plus précis, je me sers d’un plan de l’épave affiché au mur.
Tout en parlant, je suis en train de l’apprendre par cœur.
J’ai repéré une entrée sur le pont supérieur qui permet de descendre à l’intérieur,
d’atteindre les coursives, les différentes salles,
et surtout, j’ai repéré, tout au bout de ce cheminement,
une sortie qui évite d’avoir à faire demi tour,
sachant que la visibilité sera quasi nulle pour le retour après notre passage.

 

11h : nous descendons le long du bout d’une bouée qui marque l’emplacement de l’épave dans une eau claire mais très froide.

Vers 20m de profondeur, nous traversons une couche de particules en suspension assez dense (débris végétaux minuscules, alluvions…).

Nous retrouvons l’eau claire vers 30m, mais la couche de particules empêche les rayons du soleil de passer : c’est la nuit totale. Nous allumons les phares.

Nous stoppons la descente vers 38m, en vue de l’épave . Stabilisation à la bouée Fenzy afin d’être parfaitement équilibrés, et nous nous séparons, par deux, comme prévu.

 
étrave du France

 

Nous avons l’impression de faire une « plongée de nuit ».
le pont
l'épave dans la nuit

Température de l’eau : 4°

le pont

 

sur le pont
sur le pont

 

Tout en filmant, je suis l’axe du bateau
jusqu’à l’entrée que j’ai repérée.

l'entrée
Arrivé là, je demande à ma femme
de ne pas rester derrière moi,
afin qu’elle puisse profiter du spectacle.
Je la saisis par le bras et c’est côte à côte
que nous nous engageons dans le bateau.

l'escalier

Nous descendons l’escalier intérieur
jusqu’au pont inférieur et la salle de billard.
Je me retourne et constate que la retraite nous est coupée :
la vase soulevée rend la visibilité nulle
et il vaut mieux ne pas chercher à revenir sur nos pas.

 
le bas de l'escalier
le bas de l'escalier
 
l'escalier sans retour
Demi-tour impossible

 

la machine
Les machines, au plus profond du navire.
 

Nous continuons donc à avancer
dans les entrailles du navire
vers la sortie que je sais vers l’arrière.

la sortie

Tout est intact,
car au contraire de ce qui se passe en mer
où le sel et les concrétions rongent peu à peu les épaves,
ici l’eau douce conserve tout.

les portes fonctionnent encore
La peinture est toujours là,
les hublots fonctionnent encore,
ainsi que les portes d’accès aux coursives.

les vitres sont encore là

Les vitres sont en place.

Nous sortons, comme prévu, par l’arrière.

retour vesr l'avant

Nous revenons vers l’avant en suivant le côté bâbord, jusqu’à la roue à aubes, puis l’étrave.

hublot
treuil



bittes
Remarquer la peinture encore présente.

 

 

roue à aubes
étrave

 

Enfin, retour par les ponts supérieurs vers le bout de la bouée.

le survol de l'étrave

 

Nous retrouvons les quatre autres frigorifiés.
Il faut dire que nous portons tous nos simples combinaisons habituelles de néoprène 5mm,
bien suffisantes pour la Méditerranée, mais qui ont bien fait rire les plongeurs locaux.

La plongée a duré 15 minutes.
Profondeur: 42 mètres

palier

Palier de 5 minutes à 2,80 m
(au lieu de 3m en raison de l'altitude du lac)

 

Le France au temps de sa splendeur:
le France
cliquer sur la photo pour lire l'histoire du France

 

Pour voir le film tourné par Claude Lapeyre, aller sur le lien:
http://www.subarchives.org/video/Le-lac/e155485d798424fcd5e291734a62856e

 

"Mémoires de Plongeurs" c'est aussi un livre
(cliquer sur la photo)

Claude Lapeyre en 1973

 

 

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